Les premiers Jeux mondiaux indigènes soulèvent une vague de protestations

2 Novembre 2015

Des Indiens brésiliens ont appelé à l’abandon des projets visant à affaiblir les droits territoriaux indigènes. © Agência Brasil

Cette page a été créée en 2015 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Des centaines d’Indiens brésiliens ont manifesté la semaine dernière lors des premiers Jeux mondiaux indigènes qui ont eu lieu en Amazonie brésilienne.

Les manifestants ont appelé à l’abandon des projets visant à affaiblir les droits territoriaux indigènes, attirant l’attention sur le fait qu’ils auraient des conséquences désastreuses sur les Indiens à l’échelle nationale.

Le puissant lobby de l’agroalimentaire brésilien fait actuellement pression pour l’adoption d’une série de propositions de lois qui permettraient l’ouverture des territoires indigènes aux projets industriels et qui empêcherait la reconnaissance de nouveaux territoires. Les peuples indigènes dépendent étroitement de leurs terres pour leur survie.

L’une de ces propositions, un amendement constitutionnel connu sous le nom de ‘PEC 215,’ a été approuvée par une commission parlementaire cette semaine, franchissant une étape supplémentaire vers son approbation finale.

Survival et ses sympathisants font pression pour mettre fin à ces projets controversés.

Ces lois, si elles sont adoptées, seront particulièrement dangereuses pour les Guarani, qui ont été spoliés de la grande majorité de leurs terres pour faire place aux fermes d’élevage et aux plantations, les forçant à vivre dans des réserves surpeuplées ou dans des campements insalubres au bord des routes. Les Guarani connaissent l’un des taux de suicide les plus élevés au monde.

Lors de la manifestation, Narube Werreria, une Indienne karaja, a déclaré : ‘Pendant que nous participons à ces Jeux, le Congrès est en train de conspirer pour nous voler nos terres. Bientôt, il n’y aura plus d’Indiens, plus de forêt, plus d’animaux.’

La présidente Dilma Rousseff a été huée lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux. La ministre brésilienne de l’agriculture, Katia Abreu, surnommée la ‘reine de la tronçonneuse’, a également été huée pour son opposition aux droits territoriaux indigènes.

Près de 2 000 autochtones de plus de 20 pays participent aux Jeux, parmi eux, une femme sakha de Sibérie, un Maori de Nouvelle-Zélande, un Kembata d’Ethiopie et plusieurs peuples d’Amérique du Nord et du Sud.

Un Enawene Nawe jouant au football. © AFP

Carlos Terena du comité inter-tribal – l’un des organisateurs des Jeux – a expliqué que les Jeux visaient à renforcer la culture des peuples indigènes à travers le monde.

Pour de nombreux participants les Jeux leur offrent l’opportunité de démontrer leurs prouesses au tir à l’arc, au bras de fer, au lancer de javelot, au canoë, au football indigène, à la lutte et à la ‘corrida de tora’ où les athlètes courent avec des tronçons d’arbres de 120 kilos sur leur dos.

Cependant les Indiens kraho et apinaje du Brésil ont boycotté les Jeux, déclarant : ‘nous ne pouvons accepter et participer à ces événements hyper médiatisés qui visent à utiliser l’image des peuples indigènes pour déformer les faits et répandre des mensonges à l’étranger; dissimulant la réalité et la souffrance des peuples indigènes du Brésil’.

D’autres ont désapprouvé l’importante somme d’argent – quasiment 41 millions de dollars américains – qui a été dépensée. Antonia Apinaje a déclaré que cet argent ‘aurait pu être investi dans la santé, la démarcation des territoires indigènes et la protection des territoires indigènes, dont beaucoup sont envahis’.

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