Des Maasai expulsés et incarcérés pour faire place à des concessions de chasse

21 Août 2009

Maison maasai incendiée, juillet 2009. © Survival

Cette page a été créée en 2009 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Huit villages maasai de la région de Loliondo en Tanzanie ont été totalement incendiés, laissant 3 000 personnes sans abri, sans nourriture et sans eau.

Le 4 juillet, les forces de police anti-émeutes tanzaniennes lourdement armées ont mis le feu à des propriétés et des réserves de nourriture des Maasai pour les expulser de leur terre ancestrale. Des milliers de Maasai se retrouvent aujourd'hui privés de leur bétail dans un contexte de sécheresse aiguë. Ils ont été chassés de leurs villages en faveur de la compagnie Otterlo Business Corporation (OBC) qui va y créer une réserve de chasse.

Un Massai a déploré : ‘Nous avons été dépossédés de notre terre en faveur des investisseurs de safaris de luxe’.

Survival a également reçu des rapports inquiétants selon lesquels des femmes massai ont été violées et violemment battues lors des expulsions. L’une d’elles, décrivant le supplice qu’elle a subit, a témoigné : ‘Deux hommes armés m'ont pourchassée et forcée à m'allonger, six autres hommes les ont rejoints et tous m'ont violée’.

Otterlo Business Corporation, liée aux familles royales des Emirats arabes unis, détient depuis 1992 des droits exclusifs de chasse et de safari à Loliondo, au nord de la Tanzanie. Cette région est un territoire maasai traditionnel, mais depuis que la compagnie en a obtenu la concession, elle y pratique la chasse au gros gibier. Ce qui a considérablement restreint l’accès aux terres à pâture des troupeaux des Maasai, source de nombreux conflits avec la compagnie de safari.

Les récentes violences attestent que la situation est devenue critique pour les Maasai. On a même signifié à des femmes maasai qui protestaient récemment à Loliondo contre ces violentes expulsions qu'elles n'avaient pas le droit de manifester. Des chefs de communautés ont également reçu des menaces anonymes.

Les incendies de villages ont maintenant cessé. Mais dès qu'un Maasai fait paître son bétail dans la zone de chasse d'OBC, il est arrêté. Cinq personnes ont déjà été jugées sans avoir pu bénéficer du droit de défense ou de caution et ont été incarcérées pendant six mois. Dix autres Massai doivent comparaître le 24 août.

Les peuples indigènes de Tanzanie subissent depuis plusieurs années l’impact destructeur des puissantes compagnies de safari. En 2007, la petite tribu de chasseurs-cueilleurs hadza a échappé de peu à l'expulsion d'une partie de ses terres ancestrales, la compagnie Tanzania UAE Safari Ltd s'étant finalement retirée de sa concession de chasse dans la vallée de Yaida, suite à la mobilisation des Hadza, des organisations indigènes et de Survival.

Massaï
Peuple

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