Davi Yanomami reçoit le « Prix Nobel alternatif » 2019

6 Décembre 2019

Davi Yanomami tient le Right Livelihood Award. © Right Livelihood Foundation

Cette page a été créée en 2019 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Le célèbre chamane yanomami Davi Kopenawa, le « dalaï-lama de la forêt amazonienne », a reçu cette année le Right Livelihood Award, connu comme le « Prix Nobel alternatif » ce mercredi (4 décembre). La cérémonie s’est déroulée à Stockholm et a constitué la dernière étape d’un programme de dix jours de célébrations en Allemagne, en Suisse et en Suède.

Lors de son discours de remerciement, Davi a déclaré : « Je veux aider mes frères autochtones en demandant aux autorités internationales de faire pression sur le gouvernement brésilien afin qu’il démarque les terres d’autres peuples autochtones. J’ai toujours lutté pour les droits de mon peuple, les Yanomami et les Ye’kwana. Ce prix est une nouvelle arme pour renforcer le combat de notre peuple. »

Pendant vingt ans, Davi a mené la campagne de son peuple pour protéger leur territoire en Amazonie. Combiné au territoire yanomami au Venezuela, il s’agit du plus vaste territoire de forêt tropicale sous contrôle autochtone dans le monde.

Davi Yanomami lors de la cérémonie de remise du prix Right Livelihood. © Right Livelihood Foundation

Davi quittant la scène suite à son discours lors de la cérémonie. © Right Livelihood Foundation

Davi est le président de Hutukara, une organisation yanomami qui partage avec lui le prix décerné aujourd’hui. Il a pour la première fois quitté le Brésil en 1989 lorsque Survival International, lauréate du Right Livelihood Award cette année-là, l’a invité à venir en Europe pour accepter le prix en son nom.

Par la suite, Survival a organisé en 1991 le premier voyage de Davi aux États-Unis, où il a rencontré le secrétaire général de l’ONU, des membres de la Commission interaméricaine des droits de l’homme et des sénateurs américains afin de sensibiliser le grand public au génocide imminent des Yanomami alors que des orpailleurs envahissaient leur forêt tropicale, introduisant ainsi des épidémies meurtrières et une violence chronique.

Davi Yanomami au Parlement suédois, à Stockholm. © Survival International
Davi Kopenawa Yanomami à un événement du Right Livelihood Award de cette année. © Wolfgang Schmidt/Right Livelihood Foundation

Il a depuis beaucoup voyagé, faisant campagne pour protéger l’Amazonie face à la destruction causée par l’exploitation minière, l’élevage, la déforestation, la construction de routes et les incendies.

En 2010, il a écrit La chute du ciel, le premier livre écrit par un Yanomami. Il y explore la cosmologie yanomami et décrit avec émotion la lutte de son peuple pour survivre aux épidémies et à la violence. Le directeur de Survival International, Stephen Corry, en a parlé comme « l’un des livres les plus importants de notre époque. »

Davi devant la Chambre des Communes lors de son premier voyage hors des frontières brésiliennes avec Survival. (1989) © Survival

Davi a souvent été menacé par les orpailleurs et les politiciens qui ciblent les ressources à l’intérieur du territoire yanomami. Il vit dans sa communauté, Watoriki (dont le nom signifie « la montagne venteuse »), où il pratique le chamanisme. Son beau-père, Lourival, était l’un des chamanes yanomami les plus anciens et les plus respectés. Il est marié à Fátima ; ils ont six enfants et de nombreux petits-enfants.

Davi a remporté de nombreux prix et récompenses de son vivant, notamment le Palmarès mondial des 500 de l’ONU et une mention d’honneur par le jury du prix Bartolomé de las Casas en Espagne.

Davi Yanomami avec notamment les autres lauréats du prix et le directeur de Survival International, Stephen Corry. © Wolfgang Schmidt/Right Livelihood Foundation

En Septembre, quand Davi a su qu’il avait gagné le prix, il avait déclaré : « Je suis très heureux que les personnes du prix RLA ne m’aient pas oublié. Ça tombe au bon moment. Je suis très heureux. Ils nous font confiance, à moi et à Hutukara, et à ceux qui défendent la forêt et la planète Terre. Cela me donne la force de continuer à me battre pour défendre l’âme de l’Amazonie.

« Nous, les peuples de cette planète, devons protéger notre patrimoine culturel, comme nous l’a enseigné Omame [le Créateur] : bien vivre en prenant soin de notre terre afin que les générations futures puissent continuer à l’utiliser.

« J’accorde une grande confiance au travail de Survival International, qui a 50 ans et continue de nous soutenir, de lutter et d’aider les miens. »

Stephen Corry lors d’un évènement du Right Livelihood Award. © Wolfgang Schmidt/Right Livelihood Foundation

Au cours de son discours lors de l’un des événements associés à la récompense, le directeur de Survival International, Stephen Corry, a déclaré : « Au cours des trente dernières années, Davi est devenu le porte-parole de son peuple, de l’Amazonie, de la forêt tropicale et des peuples autochtones en général. La menace qui pèse sur cette région reste grave. Le régime actuel au Brésil tente maintenant de défaire des décennies, des générations de progrès dans la reconnaissance des droits des peuples autochtones. La menace n’a jamais été aussi grave. »

Notes aux rédactions :
- Le dossier de presse de Survival contient entre autres une biographie, des photos et des vidéos. (textes en anglais)
- Ces dernières années, le territoire yanomami a été envahi par 10 à 20 000 orpailleurs qui ont pollué les rivières avec du mercure et attaqué les villageois yanomami. Certains des travailleurs miniers ne se trouvent qu’à quelques kilomètres de communautés yanomami non contactées.
- En 2004, Davi a fondé Hutukara, l’association yanomami qui défend les droits des Yanomami et gère des projets de protection des terres, d’éducation et de santé. Il en est actuellement le président.
- Plus tôt cette année, Davi et d’autres dirigeants ont mis sur pied la plus grande manifestation jamais organisée pour les droits des autochtones dans le monde, en réaction à la guerre menée par le président Bolsonaro contre les peuples autochtones.
- Aux côtés de Davi, les trois lauréates suivantes ont reçu le prix cette année : Greta Thunberg, Aminatou Haidar et Guo Jianmei.

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