Le territoire d'un peuple non contacté envahi et détruit pour la production de viande bovine

30 Novembre 2021

Un récent survol a révélé un élevage de bétail à grande échelle à l‘intérieur du territoire de Piripkura, ce qui constitue une violation flagrante de l‘ordonnance de protection des terres adoptée récemment. © Rogério Assis/ISA

De nouvelles prises de vue aériennes ont révélé que les terres de l’un des peuples non contactés les plus vulnérables au monde sont illégalement envahies et détruites pour la production de viande bovine.

L’invasion des terres en cours constitue une violation flagrante de l’ordonnance de protection des terres émise en septembre pour une durée de six mois, qui interdit à toute personne extérieure l’accès au territoire autochtone de Piripkura.

Une importante exploitation d'élevage de bétail est en cours. © Rogério Assis/ISA

Seuls deux membres du peuple piripkura au Brésil sont connus pour vivre sur le territoire, mais on pense que d’autres y vivent et se sont retirés dans les profondeurs de la forêt. Par le passé, de nombreux Piripkura ont été tués lors de massacres.

Tamandua et Baita, deux hommes piripkura qui comptent parmi les derniers survivants de leur peuple. Leur territoire est protégé par les ordonnances de protection des terres, mais il est menacé d’être envahi par les bûcherons et les accapareurs de terres. © Bruno Jorge

Le survol a été effectué le mois dernier dans le cadre de la campagne et de la pétition “Uncontacted or Destroyed” (“Non contactés ou décimés” en français) organisées par la COIAB (Organe de coordination des organisations autochtones de l’Amazonie brésilienne) et l’OPI (Observatoire des droits humains des peuples autochtones non contactés et récemment contactés), avec le soutien de l’APIB (Articulation des peuples autochtones du Brésil), de l’ISA (Instituto Socioambiental) et de Survival International.

Des photographies ont révélé la présence d'une piste d'atterrissage sur le territoire autochtone de Piripkura. © Rogério Assis/ISA

La campagne vient de publier un dossier intitulé “Piripkura : un territoire autochtone détruit pour la production de viande bovine”. Il y est révélé que :

- les défrichements effectués pour l’élevage de bétail ont maintenant atteint une zone où l’on sait que vivent les Piripkura non contactés ;

- des routes, des clôtures et même une piste d’atterrissage ont été construites, et des centaines de bestiaux y ont été amenés ;

- le taux de déforestation sur le territoire a “explosé” – augmentant de plus de 27 000 % au cours des deux dernières années.

L’OPI a également publié un rapport sur l’invasion des terres piripkura. Leurs recherches ont révélé que le territoire de Piripkura est désormais le territoire de peuples non contactés le plus déboisé du Brésil. Plus de 12 000 hectares ont déjà été détruits.

La campagne “Uncontacted or Destroyed” met en lumière plusieurs territoires non contactés actuellement protégés par des ordonnances de protection des terres qui doivent prochainement expirer.

La seule Piripkura contactée, une femme connue sous le nom de Rita, a récemment déclaré à Survival dans un appel vidéo inédit que des intrus opérant illégalement sur le territoire de son peuple pourraient bientôt tuer ses proches ; elle a également décrit comment neuf de ses proches avaient été massacrés au cours d’une seule attaque.

Sarah Shenker, responsable de la campagne “Peuples non contactés” de Survival, a déclaré aujourd’hui : « Il n’y a pas de meilleure preuve de l’impunité totale – voire du soutien actif – dont jouissent les envahisseurs de terres sous la présidence de Bolsonaro que celle-ci : des opérations d’élevage commercial sur un territoire autochtone d’importance vitale censé être protégé par la loi. Les envahisseurs s’approchent rapidement des Piripkura non contactés. Ils résistent de toutes leurs forces, et nous devons faire de même. Seul un tollé général peut empêcher le génocide des Piripkura et d’autres peuples non contactés. Pourquoi se battre pour leurs droits territoriaux ? C’est un moyen de protéger la forêt amazonienne d’une manière bien moins coûteuse et plus efficace que les “solutions” désastreuses poussés par les gouvernements lors de la COP. »

Elias Bigio de l’OPAN a déclaré aujourd’hui : « La zone que nous avons survolée a été récemment défrichée pour la production de viande bovine. Ils l’ont déjà exploitée, maintenant ils la transforment en pâturages pour le bétail. »

L’OPI a déclaré : « Le territoire autochtone et le peuple piripkura sont extrêmement menacés. À l’instar de ce qui s’est passé dans les territoires d’autres peuples non contactés, la destruction du territoire autochtone, dans le territoire de Piripkura, est clairement associée à “l’effet Bolsonaro” […] car c’est à partir de 2019 que les invasions du territoire autochtone se sont intensifiées. »

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