Kenya : un autochtone assassiné au nom de la conservation de la nature

17 Janvier 2018

Les membres du peuple sengwer sont violemment expulsés de leur terre. © Yator Kiptum

Cette page a été créée en 2018 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Un membre du peuple sengwer a été tué hier par des gardes du Service forestier kenyan (KFS). Un autre homme a été blessé.

Cette attaque brutale fait suite à plusieurs opérations violentes survenues récemment et visant l’éviction des Sengwer de leur terre.

Des dizaines d’agents de sécurité armés ont incendié les maisons, les réserves de nourriture et les possessions des membres de la communauté et tué leur bétail, les forçant à quitter la forêt d’Embobut où ils vivent depuis des générations.

Ces attaques ont commencé à la fin du mois de décembre.

Pour Milka Chepkorir, une femme sengwer, la destruction des foyers lors de ces attaques donne lieu à « une perte des liens familiaux car les membres des familles sont éparpillés et effrayés. En outre, les abus et le harcèlement sexuels, ainsi que la torture psychologique, sont associés aux terribles actes d’éviction ».

Malgré les menaces et la violence, de nombreux Sengwer ont juré de résister : « Nous n’irons nulle part, même si le gouvernement décide de nous tuer ici », déclare une femme de la communauté.

L’UE finance un projet de conservation dans la région dont l’objectif est de protéger les sources d’eau dans les collines. Elle a condamné les meurtres et annoncé la suspension de sa participation au projet.

Les Sengwer demandent au gouvernement de respecter leur droit de vivre sur leur terre ancestrale et souhaitent être consultés d’urgence pour discuter de la meilleure façon de travailler conjointement à la conservation de leurs forêts.

L’expulsion des Sengwer a commencé sous le régime colonial britannique.

En 2014, le KFS et la police ont expulsé des milliers de Sengwer de leurs maisons dans la forêt, obligeant nombre d’entre eux à vivre dans des grottes ou des structures temporaires.

Face à la poursuite du harcèlement en 2016, David Yator Kiptum, directeur exécutif du programme pour le peuple autochtone sengwer a déclaré : « L’expulsion des membres de la communauté sengwer de leur terre ancestrale n’est pas une solution pour la conservation. Ce n’est pas non plus une solution face au changement climatique. »

Des quelque 33 000 Sengwer que le peuple compte au total, environ 13 500 vivent dans la forêt d’Embobut. Ils y chassent, récoltent du miel, cultivent la terre et élèvent un peu de bétail.

Comme nombre de peuples autochtones, ils ont une profonde connaissance de l’écologie de leurs forêts, qu’ils entretiennent depuis des générations.

Les expulsions vont à l’encontre du droit international et détruisent les personnes qui savent le mieux comment conserver la forêt.

Trois experts indépendants des Nations Unies ont exprimé leur inquiétude face aux attaques et aux expulsions.

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