COP15 : quatre ONG du secteur des droits humains alertent sur le projet dévastateur des 30x30

2 Décembre 2022

© Fiore Longo/Survival

Survival International, Amnesty International, Minority Rights Group et Rainforest Foundation UK ont publié une déclaration commune à l’approche de la COP15 sur la biodiversité, dénonçant l’objectif prévu de protéger 30 % de la Terre d’ici 2030 – surnommé l’objectif des “30x30”.

Dans cette déclaration, les organisations préviennent que « sans une refonte en profondeur, l’objectif dit des “30x30” dévastera les vies des peuples autochtones. »

La préoccupation majeure des organisations réside dans le fait que l’essentiel de cet objectif sera basé sur un modèle d’Aires protégées qui excluent les peuples autochtones et les communautés locales de leurs territoires, violent leurs droits humains et a des répercussions dévastatrices sur leurs vies.

« [Ces Aires], qui constituent la base du modèle de conservation actuel tel que dicté par les pays occidentaux, sont à l’origine de nombreuses expulsions entrainant famine, maladies et de multiples violations des droits humains, telles que des meurtres, des viols et des actes de torture en Afrique et en Asie notamment. »

Les organisations demandent, entre autres choses, que tout objectif de conservation inclus dans le nouveau cadre mondial pour la biodiversité « donne la priorité à la reconnaissance et à la protection des systèmes fonciers collectifs et coutumiers des peuples autochtones » et « reconnaisse les droits des autres utilisateurs de terres de subsistance à être protégés des expulsions forcées ».

Elles soulignent également qu’outre son impact catastrophique sur les populations dépendant des terres, cet objectif détourne l’attention des causes réelles de l’effondrement de la biodiversité et de la crise climatique.

Fiore Longo, chargée de la campagne “Décoloniser la conservation de la nature” de Survival, a déclaré aujourd’hui : « L’idée selon laquelle l’objectif des 30×30 constituerait un moyen efficace de protéger la biodiversité n’a aucun fondement scientifique. La seule raison pour laquelle s’agit encore d’un sujet à débattre dans les négociations est qu’il est fortement mis en avant par l’industrie de la conservation, qui y voit une opportunité d’augmenter la quantité de terres placées sous son contrôle. S’il est adopté, il constituera le plus grand accaparement de terres de l’histoire et privera des millions de personnes de leurs moyens de subsistance. Si les gouvernements ont vraiment à cœur de protéger la biodiversité, la solution est simple : reconnaître les droits territoriaux des peuples autochtones. »

Notes aux rédacteurs :

- La 15e Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique se tient à Montréal du 7 au 19 décembre.

- Survival vient de lancer un nouveau “Guide pour décoloniser le langage de la conservation”. Tout au long de la COP15, Survival publiera des extraits de ce guide.

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