Mobilisation devant l’entreprise française Eramet : « Arrêtez l’exploitation minière ou mon peuple mourra. »
27 Novembre 2025

Un homme autochtone né non contacté, c’est-à-dire au sein d’un peuple vivant en isolement volontaire, dans la forêt tropicale indonésienne s’est rendu pour la première fois en Europe afin de faire pression sur le géant minier français Eramet concernant la destruction du territoire de son peuple.
Ngigoro est membre du peuple hongana manyawa de l’île d’Halmahera. L’exploitation intensive du nickel détruit la forêt de son peuple à un rythme effréné. Environ 500 autres membres de son peuple vivent non contactés et tentent désespérément d’échapper aux bulldozers.
Ngigoro ainsi que des manifestants de Survival International et de Canopée ont manifesté aujourd’hui à Paris devant le siège social d’Eramet, l’entreprise qui exploite la plus grande mine de nickel au monde – Weda Bay Nickel – sur les terres des Hongana Manyawa.

Eramet est détenue à hauteur de 27% par l’Etat français. Plusieurs rencontres avec des représentants gouvernementaux sont prévues pendant la visite de Ngigoro à Paris.
Eramet a publiquement nié l’existence d’Hongana Manyawa non contactés au sein de sa concession, alors même que des rapports internes commandés par l’entreprise ayant été divulgués révèlent que l’entreprise avait connaissance de leur présence depuis au moins 2013.

Ngigoro a déclaré aujourd’hui : « Je suis venu jusqu’en France pour dire à Eramet et au gouvernement français qu’ils doivent arrêter l’exploitation minière dans la forêt des Hongana Manyawa. S’ils ne le font pas, mes proches non contactés mourront. Les entreprises s’enrichissent sur le dos de nos morts. Lorsque le monde découvrira qu'elles volent nos terres, elles auront honte. »
Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré aujourd’hui : « Pour Eramet, cela peut sembler être un projet excitant et rentable, mais pour les Hongana Manyawa, cela représente la destruction de leur forêt et une condamnation à mort pour celles et ceux qui vivent non contactés. C’est pourquoi Ngigoro a parcouru des milliers de kilomètres depuis son île natale jusqu’en Europe : pour dire à Eramet que la catastrophe qui menace son peuple est bien plus importante que les résultats financiers de l’entreprise.
« Comme beaucoup de peuples autochtones, les Hongana Manyawa protègent véritablement l'environnement. Ils gèrent et protègent leur forêt depuis des milliers d'années. Comme beaucoup d'autres, ils sont aujourd’hui menacés par les industries extractives qui pillent leurs terres. Le fait que cela soit fait au nom d’une industrie prétendument durable – les voitures électriques – est une ironie amère qui ne diminue en rien le danger effroyable qui pèse sur les Hongana Manyawa. »
La situation critique des Hongana Manyawa non contactés, sur l’île d’Halmahera en Indonésie, n’est qu’un des nombreux cas analysés dans le nouveau rapport historique de Survival, “Résister pour exister : la lutte mondiale des peuples autochtones non contactés”.

Note aux rédactions :
Weda Bay Nickel, une entreprise dont Eramet est en partie propriétaire, détient de loin la plus grande concession minière de l’île, dont plus des trois quarts empiètent sur le territoire des Hongana Manyawa non contactés.
La mine fait partie d’un projet du gouvernement indonésien visant à produire du nickel pour les batteries destinées aux voitures électriques.
Retrouvez le rapport détaillé de Survival sur ce sujet (en anglais) et sa synthèse (en français).




