Plusieurs ministères indiens sur le point d’approuver un mégaprojet menaçant l’existence de peuples insulaires non contactés

8 Décembre 2023

Les Shompen vivent dans les zones forestières de l’île de Grande Nicobar. La destruction de la forêt entraînera celle de leur peuple. © Anthropological Survey of India

Les autorités indiennes ont assuré leur volonté de poursuivre la mise en œuvre d’un mégaprojet de développement controversé, en dépit de l’avis d’experts avertissant de la destruction d’un peuple non contacté qui en résulterait.

En effet, le projet de mégaport, d’un montant de 5 milliards de dollars, envisagé pour l’île indienne de Grande Nicobar, ainsi que les plans de « développement » qui lui sont associés, tels qu’une nouvelle ville, une base militaire, des zones industrielles, un aéroport et une centrale électrique, anéantiront le peuple shompen. Celui-ci constitue l’un des deux peuples autochtones d’Inde fuyant le contact avec l’extérieur, à l’instar de leurs voisins mieux connus du grand public, les Sentinelles.

De nombreux experts, parmi lesquels 87 anciens fonctionnaires et représentants du gouvernement indien, ont demandé à ce dernier d’abandonner ses plans. Dans la mesure où les Shompen sont dans l’incapacité de donner leur consentement préalable, libre et éclairé à ce projet, celui-ci est illégal au regard du droit international.

Les Shompen sont l’un des deux peuples autochtones d’Inde fuyant tout contact avec l’extérieur, à l’instar de leurs voisins mieux connus du grand public, les Sentinelles. © Survival

À ce jour, le projet n’a pas encore reçu toutes les approbations nécessaires mais, au cours d’une série de points presse, les autorités indiennes ont confirmé qu’elles maintenaient leur soutien à ce projet. Elles envisagent ainsi de transformer la petite île constituant le foyer des Shompen en « Hong Kong de l’Inde » avec, entre autres, la création d’une nouvelle ville de 650 000 colons.

Caroline Pearce, directrice de Survival International au Royaume-Uni, a déclaré : « Ce projet dévastera les forêts de l’île de Grande Nicobar, où vivent les Shompen, et par conséquent les Shompen eux-mêmes. Ils ont survécu au tsunami de 2004, mais il est impossible qu’ils survivent à cette destruction brutale de leur monde. »

Elle ajoute : « Non seulement ce projet anéantira leurs moyens de subsistance mais, comme tous les peuples non contactés, ils sont susceptibles d’être anéantis par des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. Ce sera un génocide. Nous demandons au gouvernement indien d’abandonner ses plans, sans quoi il sera responsable de la destruction des Shompen. »

Note aux rédactions : Les 100 à 400 membres du peuple shompen vivent uniquement sur l’île de Grande Nicobar. Chasseurs-cueilleurs nomades, ils habitent ce territoire depuis des temps immémoriaux, et ont survécu au tsunami de 2004, dont l’épicentre était pourtant proche de leur île. Certains Shompen entretiennent un contact limité avec des représentants du gouvernement indien, mais la majorité d’entre eux ne sont pas contactés.

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