© Anvita Abbi

Les Grands Andamanais

Les Grands Andamanais

Parmi les nombreux peuples autochtones des îles Andaman et Nicobar, c’est pour les Grands Andamanais que le contact forcé et la colonisation se sont avérés le plus désastreux : ils ont subi un génocide, perdant 99 % de leur population. 

© Anita Abbi
Licho, dernière locutrice du sare, l’une des dix langues des Grands Andamanais, décédée en 2020.

Les Grands Andamanais, comme on les désigne aujourd’hui collectivement, étaient initialement divisés en dix peuples distincts, parmi lesquels les Bea, les Bo, les Jeru, les Khora et les Pucikwar. Chacun avait sa propre langue et comptait entre 200 et 700 personnes.

Lorsque les colons britanniques sont arrivés, en 1858, plus de 5 000 Grands Andamanais vivaient sur l’archipel. Mais des centaines d’entre eux ont été tués lors de conflits, alors qu’ils défendaient leur territoire contre cette invasion, et des milliers d’autres décédèrent d’épidémies dévastatrices de rougeole, de grippe et de syphilis, maladies qui furent toutes introduites par les Britanniques.

Dans les années 1860, ceux-ci créèrent un “foyer andaman”, où ils emmenèrent de force des habitants autochtones des îles Andaman. Des centaines de personnes y moururent de maladies et d’abus et, sur les 150 enfants qui y virent le jour, aucun ne dépassa l’âge de deux ans.

Nous sommes en réalité en train de poser les premiers jalons pour la civilisation d’un peuple vivant jusqu’à ce jour dans un état de barbarie absolue, fait de perfidie, de meurtres et de toutes les autres formes de sauvagerie ; en outre, il est particulièrement souhaitable, même d’un point de vue politique, de maintenir ces personnes sous notre garde en tant qu’otages, car cela garantit sans le moindre doute un meilleur comportement de ces gens hostiles vis-à-vis de notre implantation.
Tytler, officier colonial britannique de l’époque

En 1970, les autorités indiennes ont déplacé les derniers Grands Andamanais vers la minuscule île de Strait, où ils dépendent désormais du gouvernement pour leur alimentation, leur logement et leur habillement, et où ils souffrent de taux élevés d’alcoolisme et de tuberculose.

Aujourd’hui, à peine plus de 50 Grands Andamanais sont encore vivants.

Boa Sr, décédée en 2010, était la dernière représentante du peuple bo. Les Bo étaient le dernier peuple, parmi les dix composant l’ensemble des Grands Andamanais, à avoir subi le contact avec les Britanniques, juste avant le recensement de 1901. Il aura fallu à peine plus d’un siècle pour effacer jusqu’à 50 000 ans de l’histoire d’une partie de l’humanité. Avant de mourir, Boa Sr avait parlé des Ang voisins (auparavant appelés Jarawa), qu’elle considérait comme chanceux, car ils vivaient toujours dans leur forêt, sans les effets dévastateurs du contact vécu par les Grands Andamanais. 

Les Jarawa [Ang] ont de la chance, ils évitent le contact avec les personnes de la ville. C’est formidable de voir qu’ils ne dépendent pas des personnes de l’extérieur pour manger et pour se loger. Nos garçons ne savent rien de la chasse, ils ne peuvent pas se nourrir eux-mêmes.
Boa Sr, dernière représentante du peuple grand andamanais des Bo

 

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