Sud-est Cameroun

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Histoire d’une dépossession

Un Baka, Cameroun. © Freddie Weyman/Survival

Dans le sud-est du Cameroun, une grande partie du territoire ancestral des Baka a soit été désignée parc national – Boumba Bek, Nki et Lobeke – soit octroyée à des sociétés de chasse à safari. Les Baka ont été destitués de leurs droits sur leur terre.

En théorie, les Baka sont autorisés à pénétrer dans certaines parties des parcs, mais en réalité, leurs droits sont fréquemment ignorés par les gardes forestiers.

La forêt appartenait aux Baka mais ce n’est plus le cas. Nous pouvions marcher dans la forêt au gré des saisons mais aujourd’hui, nous avons peur de nous aventurer au-delà de nos maisons. Comment peuvent-ils nous interdire de pénétrer dans la forêt? Nous ne savons pas comment vivre autrement. Ils nous battent, nous tuent et nous obligent à fuir vers le Congo.

Un Baka

Torture et abus

Dans certaines régions, la situation est encore pire. Les gardes forestiers et les soldats qui les accompagnent arrêtent, extorquent, harcèlent les Baka et vont jusqu’à torturer des hommes et des femmes. Certains n’ont pas survécu à la torture des brigades anti-braconnage.

Un fonctionnaire a ouvertement admis que la torture n’était pas seulement acceptable mais nécessaire dans la lutte contre le braconnage.

Un Baka, Cameroun. © Freddie Weyman/Survival

Ce jour-là, les gardes forestiers nous ont battus avec leurs machettes, du lever au coucher du soleil. Sur toutes les parties de mon corps. Ils ont rassemblé d’autres villageois et les ont fait s’assoir dehors et fixer le soleil, les menaçant s’ils baissaient leurs têtes.
Ils nous ont fait porter leurs affaires jusqu’au camp du WWF. Et c’est là que nous avons failli mourir à cause de leurs coups. Ensuite, nous ne pouvions plus marcher. Nous avons usé de toutes nos forces pour ne pas mourir là sur la route.

Martial (pseudonyme), un Baka

Des gardes forestiers ont attaqué cette femme avec du gaz poivré et ont détruit ses marmites. © Freddie Weyman/Survival

Sur une route principale nous avons rencontré des brigades anti-braconnage. Ils nous ont torturés pour nous faire parler. Ils ont frappé une femme enceinte avec une machette. Ils m’ont plaqué à terre. Ils nous ont fait marcher sur les genoux sur une longue distance. Ensuite, ils nous ont fait courir devant leurs motos, à toute allure sur plus d’un kilomètre.

Modala, un Baka

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Les meilleurs gardiens de la forêt

Quelle heure est-il?

Le miel est une nourriture de la forêt dont les Baka raffolent. Ils en consomment 14 variétés. Voici comment ils décrivent le bourdonnement de l’abeille à différents moments de la journée :

makelo: à l’aube

mongombela: en début d’après-midi

mongombe: en fin d’après-midi

mojembo: le soir

mongenja: à n’importe quel moment de la journée

De génération en génération, les Baka ont élaboré leurs propres codes de conservation. Ils ne pratiquent pas la chasse intensive puisqu’ils considèrent qu’un partage équitable entre les membres de la tribu et la nature est nécessaire à une chasse et une cueillette réussies.

Ils possèdent une connaissance approfondie du comportement animal et des plantes de la forêt – ils en utilisent près de 500 variétés et en reconnaissent bien plus. Les Baka ont, par exemple, plus d’une douzaine de termes pour désigner l’éléphant de forêt, en fonction de son âge, de son sexe et de sa personnalité.

Des études montrent que les Baka s’efforcent d’améliorer l’environnement forestier des animaux avec lesquels ils cohabitent. Par exemple, lorsqu’ils récoltent des ignames, ils laissent généralement une partie de la racine en terre pour les éléphants et les sangliers, car c’est l’un de leurs aliments favoris.

Ils connaissent leurs terres et savent ce qu’il s’y passe mieux que quiconque. Pourtant les Baka regrettent de ne pouvoir transmettre leurs connaissances de la forêt et leurs valeurs aux jeunes générations puisque les violences qu’ils subissent les dissuadent de se déplacer en forêt avec leurs familles.

Nous savons où et quand les braconniers se trouvent dans la forêt. Mais personne ne nous écoute.

Tango, Baka man

Sans terre et en souffrance

Expulsées de la forêt, de nombreuses communautés baka connaissent un déclin important de leur état de santé. Vivant dans des villages au bord de la route, elles sont exposées aux maladies, telles que la malaria.

Elles n’ont plus accès aux plantes médicinales de la forêt qui les aident à rester en bonne santé et doivent dépendre d’autres aliments de valeur nutritive beaucoup plus pauvre. L’alcoolisme progresse dangereusement.

Aujourd’hui, nous tombons malades en raison du changement de notre alimentation. Notre peau n’apprécie pas le soleil et la vie dans le village. Dans la forêt, nous sommes en bonne santé et prenons du poids. Maintenant, plus personne n’a de muscles, tout le monde semble malade. Nous sommes obligés de boire pour oublier nos problèmes.

Atono, un Baka

Comment pouvez-vous aider ?

Le gouvernement camerounais dépend de puissantes organisations de conservation, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF), pour équiper ses brigades anti-braconnage.

Ecrivez au WWF pour lui demander de garantir que son action dans le bassin du Congo ne contribue pas à financer les abus dont sont victimes les Baka.




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**Campagne ‘Le Progrès peut tuer’ *


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