Élections Brésil 2022 : déclaration de Survival International

© Genilson Guajajara

 

Octobre 2022

Au cours des quatre dernières années, les peuples autochtones du Brésil ont subi le gouvernement le plus anti-autochtone depuis la dictature militaire. Le 30 octobre, l'avenir du pays se décidera dans les urnes.

Le gouvernement de Jair Bolsonaro et ses soutiens ont tenté désespérément d'ouvrir les territoires autochtones à l'agro-industrie, à l'exploitation forestière et minière. Leurs politiques et actions racistes et génocidaires ont entraîné des niveaux de déforestation sans précédent, ainsi qu'un nombre croissant de meurtres d'Autochtones et d'attaques contre leurs communautés. Les peuples autochtones se défendent et résistent, et Survival et d'autres alliés font pression jour après jour pour mettre fin à leur génocide et faire en sorte que les peuples non contactés, les plus vulnérables de la planète, puissent survivre. 

Ces élections sont un moment crucial pour les peuples autochtones et leurs territoires. La tension est extrême. 

Une victoire de Bolsonaro renforcerait sa politique et celle de tous ceux qui se sentent encouragés par elle à envahir les territoires autochtones en toute impunité : elle donnerait un coup de pouce mortel à la vague actuelle de mort et de dévastation. Un plus grand nombre de peuples autochtones non contactés pourraient être anéantis — comme cela s'est produit récemment dans le territoire autochtones de Tanaru — et leurs derniers survivants tués lors de tentatives violentes de vol de leurs terres.

Une défaite de Bolsonaro ne résoudrait pas tous ces problèmes. Il faudra une volonté politique et des ressources considérables pour réparer les dommages profonds que son administration a causés à l'environnement et aux institutions chargées de protéger les territoires autochtones. Les forces politiques et les marchés mondiaux qui alimentent le génocide des peuples autochtones du Brésil ne disparaîtront pas. Ainsi, au premier tour, un grand nombre de politiciens anti-autochtones ont été élus au Congrès, parmi lesquels Ricardo Salles, l'ancien ministre de l'environnement de Bolsonaro (sous le ministère duquel la déforestation en Amazonie est montée en flèche) et Damares Alves (une prédicatrice évangélique favorable à l'établissement de contacts forcés avec les peuples autochtones non contactés). 

Lula a promis que, s'il était élu, il renverserait la situation et veillerait à ce que les droits des peuples autochtones soient respectés.

Si Lula gagne, les peuples autochtones et leurs alliés, y compris Survival et nos partisans dans le monde entier, suivront de près et feront pression pour que son gouvernement honore ses engagements, respecte le droit national et international, bloque les grands projets d'infrastructure qui ont un impact sur les terres autochtones sans leur consentement, et protège les territoires autochtones afin qu'ils puissent survivre, prospérer et être respectés comme les sociétés contemporaines qu'ils sont.

Au milieu de tant de tensions, une bonne nouvelle est que la participation politique des personnes autochtones augmente. Les députées fédérales Sônia Guajajara et Célia Xakriabá ont été élues pour les États de São Paulo et du Minas Gerais respectivement. Dès janvier, ces deux femmes combatives seront au Congrès et y apporteront toute la force et la détermination dont elles font preuve depuis des années dans leur lutte pour les droits des Autochtones. 

Peu importe qui est au pouvoir au Brésil et au-delà, les peuples autochtones, et Survival à leurs côtés, continueront à résister pour assurer un avenir sain à leurs familles, comme ils l'ont fait depuis que les Européens les ont colonisés il y a plus de 500 ans.

 

Nous continuerons à marcher ensemble, à lutter ensemble, jusqu'à ce que le président Jair Bolsonaro quitte le pouvoir. Je vais attendre de voir si un autre président s'occupe de la forêt et du Brésil. Je suis toujours méfiant. Je sais que la "civilisation" est ainsi faite, ils ne font le bien que pour eux-mêmes. L'homme de la ville ne pense qu'à lui. Il ne pense qu'aux choses matérielles. Mais je continuerai à demander du soutien pour essayer de sauver notre nature, notre Terre Mère.
Davi Kopenawa Yanomami, Brasil

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