Chasseurs, pas braconniers : les Bushmen du Botswana poursuivent le gouvernement

26 Août 2014

Les Bushmen chassent pour leur survie mais sont considérés comme des braconniers sur leur territoire. © Survival International

Cette page a été créée en 2014 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Les derniers chasseurs bushmen ont formellement annoncé leur intention de poursuivre le gouvernement du Botswana pour ses tentatives ‘illégales et anticonstitutionnelles’ visant à les priver de leur territoire ancestral dans la Réserve du Kalahari central.

Les Bushmen dépendent de la chasse de subsistance pour nourrir leurs familles mais font l’objet de harcèlement, de torture et d’arrestations lorsqu’on les surprend à chasser. Plus tôt cette année, le gouvernement botswanais a interdit la chasse au niveau national sans l’annoncer aux Bushmen du Kalahari ni leur proposer une compensation.

C’est la quatrième fois que les Bushmen sont contraints de recourir à la justice contre le gouvernement dans leur volonté désespérée de vivre en paix sur leur territoire. Dans une victoire historique en 2006, la Haute Cour du Botswana avait statué que les Bushmen ont le droit de vivre et de chasser dans la Réserve du Kalahari central.

Malgré la décision de la Haute Cour, pas un seul permis de chasse n’a été délivré aux Bushmen qui vivent à l’intérieur de la Réserve. L’ironie veut que les riches chasseurs de trophées ne soient pas frappés d’interdiction et continuent de chasser des girafes et des zèbres en toute illégalité dans des ranchs privés.

Les Bushmen ont pratiqué la chasse durable durant des générations et ne menacent en aucun cas la survie de la faune sauvage dans la Réserve du Kalahari central. © Philippe Clotuche/Survival

Roy Sesana, porte-parole bushman a déclaré au journal Botswana Sunday Standard : ‘Le président Ian Khama et son frère Tshekedi [ministre de l’Environnement, de la faune sauvage et du tourisme] ont décidé d’interdire la chasse sans nous consulter. C’était un geste calculé pour nous affamer et nous expulser de la Réserve du Kalahari central. Il savent pertinemment que nous sommes tributaires de la chasse et ils ont décidé de l’interdire dans la Réserve’.

Le président Ian Khama, qui siège au conseil d’administration de Conservation International, affirme que cette initiative est destinée à protéger la faune sauvage dont la population décroît au Botswana.

Mais les peuples indigènes tels que les Bushmen savent mieux que quiconque prendre soin de leur environnement. Ils sont les meilleurs protecteurs de leurs territoires et les méthodes de chasse de subsistance qu’ils pratiquent, à l’aide de lances, d’arcs et de flèches, ne représentent aucune menace pour la faune de la Réserve du Kalahari central.

Au début de cette année, le porte-parole bushman, Jumanda Gakelebone, s’est rendu à Londres pour demander le soutien du prince Charles contre cette interdiction.

Le Prince de Galles a soutenu une nouvelle campagne anti-braconnage menée par United for Wildlife, une coalition d’organisations de préservation de l’environnement soutenue par le président Khama, parmi lesquelles figurent le WWF, Conservation International et The Nature Conservancy.

Beaucoup de grandes organisations de conservation de la nature ne font pas de distinction entre braconniers illégaux et peuples indigènes qui pratiquent la chasse de subsistance et qui sont accusés de ‘braconnage’ lorsqu’ils chassent pour se nourrir. Ils risquent l’emprisonnement et les coups, la torture et la mort, tandis que les chasseurs de trophées sont tolérés.

Les autorités continuent de harceler et de persécuter les Bushmen et ont même interdit d’entrée dans le pays leur avocat, Gordon Benett, qui devait les représenter. Celui-ci avait plaidé leur cause avec succès dans trois procès qu’ils avaient intentés contre le gouvernement.

Stephen Corry, directeur de Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, a déclaré aujourd’hui : ‘Des peuples indigènes du monde entier sont accusés de ’braconnage’ parce qu’ils chassent pour se nourrir. Ils risquent les coups, les arrestations, la torture et la mort tandis qu’on tolère les chasseurs qui paient pour abattre du gros gibier. Il est temps de reconnaître que les peuples indigènes sont les meilleurs défenseurs de l’environnement. Survival International continuera de lutter contre ces abus et ne cessera de dénoncer la destruction des vies et des territoires des peuples indigènes par l’industrie de la conservation de la nature, le tourisme et les multinationales’.

Notes aux rédactions :

- La plainte a été déposée par les avocats des Bushmen au procureur général le 8 août 2014.

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