Les Baka toujours victimes de graves abus malgré les promesses du WWF

28 Octobre 2015

Au nom de la protection de la nature, de nombreux Baka sont victimes de violences depuis qu’ils ont été expulsés de leur forêt. © Edmond Dounias/Survival

Cette page a été créée en 2015 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Dans de nouveaux témoignages vidéo, les Pygmées baka du sud-est Cameroun ont rapporté avoir été victimes d’abus et d’actes de torture perpétrés par des gardes forestiers financés par le WWF. Le WWF a contribué à créer une nouvelle zone protégée sans le consentement des Baka et de leurs voisins. Les Baka du sud de la réserve s’expriment après avoir été dépossédés de leurs terres.

Depuis la création de la Réserve de Faune de Ngoyla, les Baka ont été expulsés de leurs terres et ne peuvent plus subvenir à leurs besoins ni accéder à leurs sites sacrés. Ils sont, comme leurs voisins, accusés de braconnage lorsqu’ils chassent pour nourrir leurs familles et risquent d’être battus, torturés et même tués par les gardes forestiers.

Un Baka a rapporté : ‘Quand ils [les gardes forestiers] sont arrivés chez nous, nous dormions, ma femme et moi. Ils m’ont frappé avec une machette. Ils ont aussi frappé ma femme’.

Un autre Baka a témoigné : ‘Les mangues sauvages tombent toutes seules dans la forêt et nous avons peur d’aller les chercher. Où sommes-nous supposés aller? Où sommes-nous supposés rester? S’ils nous chassent de la forêt, où irons-nous?’

Visionnez les témoignages vidéo :

Treize ans après que le WWF a été alerté des abus commis à l’encontre des Baka et plus d’un an après que Survival International a révélé publiquement le scandale, la torture et les violences continuent au nom de la protection de la nature.

Dans deux lettres ouvertes, les Baka ont plaidé avec ferveur pour que les acteurs de la protection de la nature les autorisent à rester sur leurs terres : ‘Que les projets de conservation (menés par le WWF, l’Union européenne et le gouvernement camerounais) prennent des résolutions de clémence pour notre utilisation de la forêt, qui est utile pour notre vie sur terre’.

Le WWF a reconnu le problème de la violence en mars 2015, admettant ’qu’il y a eu des incidents relevant de comportements inacceptables’ mais a prétendu en août que ces incidents avaient ‘diminué’. Cependant, malgré nos demandes, le WWF n’a fourni aucune information établissant les faits. Ces récents témoignages prouvent que les abus sont systématiques et ont toujours cours.

Avant qu'ils ne soient obligés de partir de leurs terres, les activités traditionnelles de chasse et de cueillette des Baka leur offraient une nourriture abondante. © Selcen Kucukustel/Atlas

Les résultats d’une enquête menée par le WWF plus tôt dans l’année n’ont pas été rendus publics et toutes les demandes de Survival pour qu’ils le soient ont été ignorées.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : ‘Ces témoignages sont déchirants et vont totalement à l’encontre des affirmations du WWF selon lesquelles les abus auraient diminué. Mais il n’en est rien. Et en réalité, rien ne change au Cameroun. Le WWF s’était engagé à ne jamais soutenir la création de zones protégées sans le consentement des Baka et de leurs voisins. Tant qu’il ne tiendra pas ses promesses, le calvaire des Baka continuera’.

Notes aux rédactions :

- Lire la lettre écrite par trois Baka du village Seh victimes de violence (pdf, 150 Ko)
- Lire la lettre écrite par le chef du village de Assoumindele. (pdf, 245 Ko)
- ‘Pygmées’ est un terme couramment employé pour faire référence aux peuples chasseurs-cueilleurs du bassin du Congo et d’Afrique centrale. Ce terme a acquis une connotation péjorative et certains peuples indigènes évitent de l’utiliser. Cependant, il est considéré par certains groupes comme un facteur d’identité. En savoir plus.

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