Coup dur pour Bolsonaro : un juge a démis de ses fonctions un missionnaire controversé placé comme haut fonctionnaire à la FUNAI

25 Mai 2020

Le missionnaire évangélique Ricardo Lopes Dias vient d‘être démis de ses fonctions de chef du département pour les Indiens non contactés. © Ricardo Lopes Dias

Cette page a été créée en 2020 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

La décision rendue vendredi par un juge, qui a écarté un missionnaire controversé d’un poste gouvernemental de haut niveau, est un coup dur pour le président Bolsonaro, selon une déclaration de Survival International.

Ricardo Lopes Dias, missionnaire évangélique et ancien membre de la New Tribes Mission / Ethnos 360, avait été nommé en février à la tête du département pour les Indiens non contactés de l’agence gouvernementale en charge des affaires autochtones (FUNAI).

Cette nomination avait été très controversée. À l’époque, Sarah Shenker, qui travaille à Survival International, avait comparé la situation au fait de « confier à un loup la responsabilité de la bergerie ». Les missionnaires évangéliques ont redoublé d’efforts pour contacter les peuples non contactés sous la présidence de Bolsonaro, qui fait pression sur la législation pour ouvrir leurs terres à l’exploitation commerciale et bénéficie d’un fort soutien évangélique.

Plus tôt cette année, la NTM du Brésil a dévoilé son nouvel hélicoptère pour atteindre les peuples non contactés dans la vallée du Javari. © NTM

Un juge a maintenant statué que la nomination de Lopes Dias était illégale. Ce dernier a donc été démis de ses fonctions avec effet immédiat. Le juge Antonio Souza Prudente a déclaré dans sa décision que la nomination était « un conflit d’intérêt évident » et « un grand risque pour la politique de non contact forcé avec les peuples autochtones [non contactés] […] et le principe d’autodétermination. »

Beto Marubo, de l’organisation autochtone UNIVAJA, a déclaré : « Les peuples autochtones de la vallée du Javari savaient que la nomination d’un missionnaire à la tête du département pour les Indiens non contactés était néfaste, et ils espèrent que cette décision ne sera pas contestée. »

Dans un autre jugement historique rendu le mois dernier à la suite d’un procès intenté par UNIVAJA, un juge a empêché des missionnaires évangéliques d’entrer en contact avec des peuples non contactés dans la vallée du Javari.

Le ministère public, qui a porté l’affaire Ricardo Lopes Dias, a déclaré : « Nous avons eu accès à des documents signés par des organisations missionnaires internationales auxquelles Ricardo Lopes Dias est lié et qui prouvent l’implication de la New Tribes Mission du Brésil, à laquelle il a appartenu pendant dix ans, dans un plan visant à établir des contacts forcés et à évangéliser les peuples non contactés. »

Sarah Shenker, responsable de la campagne pour les peuples non contactés de Survival, a déclaré : « C’est une grande victoire pour la campagne de défense des terres des peuples non contactés. La nomination de Lopes Dias était réellement une déclaration de guerre contre leur droit à la protection de leurs territoires, et le droit de ne pas avoir de contact si c’est ce qu’ils veulent.

« C’était un élément clé de la politique explicite de Bolsonaro de détruire les peuples autochtones du pays – de démanteler les équipes qui protègent leurs territoires et de vendre leurs terres aux bûcherons, aux mineurs et aux éleveurs.

Il existe plus de 100 peuples non contactés dans le monde, la plupart au Brésil, où les missionnaires ont redoublé d‘efforts pour les contacter. © G.Miranda/FUNAI/Survival

« Les peuples non contactés protègent actuellement de vastes zones de forêts riches en ressources et en biodiversité. Sous Lopes Dias, tout cela risquait d’être ouvert et rendu accessible, d’abord aux missionnaires évangéliques, puis à de grandes entreprises. Cela aurait très probablement conduit à l’anéantissement de peuples entiers. Maintenant, il existe une lueur d’espoir que cela n’arrivera pas.

« Que Lopes Dias ait été renvoyé de ce poste est une victoire énorme pour la campagne. Les organisations autochtones au Brésil ont mené la charge, Survival a diffusé leur campagne dans le monde entier, fait pression sur les autorités pendant des mois, et les sympathisants, qui ont inondé les réseaux sociaux de messages et de vidéos, ont envoyé 10 000 mails. Il faut espérer que Bolsonaro recevra le message que, s’il poursuit son programme génocidaire, il pourra s’attendre à une résistance à chaque étape. »

Notes aux rédactions :

Sarah Shenker et Fiona Watson sont disponibles pour des interviews en anglais.

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