Bêtisier de la COP15 : les cinq pires déclarations depuis le début des négociations

13 Décembre 2022

Ces hommes khadia ont été expulsés de leur terre après qu’elle ait été transformée en réserve de tigres. Ils ont vécu pendant des mois sous des bâches en plastique. Des millions d’autres seront confrontés à ce sort si le projet des 30% d’aires protégées se réalise. © Survival International

Pour marquer la première semaine de la COP15, Survival International a réuni les cinq pires déclarations faites par des gouvernements et des ONG au cours des débats et des interviews qui y sont associées : 

1. « 30% n’est pas un chiffre aléatoire. » : Justin Trudeau, Premier ministre canadien, à propos du plan des 30×30. « Nous n’avons pas choisi ce chiffre de 30% au hasard. Selon les plus grands scientifiques, il s’agit du seuil critique pour éviter le risque d’extinction et aussi pour assurer notre sécurité alimentaire et économique. »

Malheureusement pour lui, l’un des principaux “architectes” du plan des 30×30, Eric Dinerstein, a expliqué que justement cet objectif était totalement arbitraire et n’a donc aucune base scientifique.

2. « L’humanité est devenue une arme d’extinction massive. » : António Guterres., Secrétaire général de l’ONU. Dans son discours d’ouverture, cette phrase faisait écho de façon alarmante au discours prôné par les écofascistes selon lequel “l’humanité” serait une toxine, ou un virus, à cause de ses effets sur la “nature”.

Mais la majorité de l’humanité n’a pratiquement pas contribué au changement climatique et beaucoup, comme les peuples autochtones, gèrent, améliorent et protègent la nature et se considèrent comme faisant partie de celle-ci. Ainsi, loin de l’idée selon laquelle l’ensemble de l’humanité serait responsable de la destruction de l’environnement, le problème est en grande partie causé par la surconsommation dans les pays du Nord, les émissions de combustibles fossiles et l’exploitation des ressources naturelles à des fins lucratives, le tout mené par des entreprises multinationales.

3. « Plus il y a de gens, plus nous soumettons la Terre à une forte pression […] Nous sommes en guerre contre la nature. » : Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement. Le concept de “surpopulation” est souvent utilisé pour détourner la responsabilité des principaux responsables des crises du climat et de la biodiversité, et pour criminaliser celles et ceux qui y contribuent le moins et en subissent le plus cruellement les conséquences (les peuples autochtones et autres communautés locales).

Les véritables causes de la perte de biodiversité, de la pollution et du changement climatique ne sont pas le nombre croissant de personnes dans le Sud du monde, mais l’exploitation des ressources à des fins lucratives et la surconsommation croissante menée par les pays du Nord.

4. Ne pas autoriser d’industries extractives dans le cadre du plan des 30×30 n’est « guère réaliste. » : Ladislav Miko, Commission européenne. L’envoyé de la Commission européenne pour la biodiversité a révélé à quel point le projet des 30×30 est vide de sens, en laissant entendre qu’en réalité les mines, les forages pétroliers et gaziers, l’exploitation forestière et bien d’autres activités seront autorisées dans les prétendues “Aires protégées” qui seront créées dans le cadre du plan.

Pour les peuples autochtones, ce n’est pas une surprise : depuis des décennies, ils sont expulsés au nom de la conservation des terres qu’ils gèrent et protègent depuis des temps immémoriaux, alors que les industries extractives, le tourisme de masse et la chasse aux trophées sont les bienvenus.

5. « Que voulons-nous ? Un bilan positif pour la nature. Quand le voulons-nous ? 2030. » : Des acteurs non étatiques, dont Marco Lambertini, directeur général du WWF, se sont réunis pour s’adresser aux délégués en route vers les discussions de la #COP15.

Ceci est un exemple typique d’un étalage de vertu. Le bilan positif pour la nature — “nature positive” en anglais — est un slogan vide de sens qui sonne bien mais qui cache un raz-de-marée de greenwashing et d’abus. Et le voici proclamé par celui qui est à la tête de l’une des plus grandes et plus célèbres organisations de conservation, qui a financé des abus pendant des années tout en les dissimulant et en s’associant aux entreprises les plus polluantes du monde.

En outre, la “nature positive” permet à ceux qui détruisent de la biodiversité de se racheter une conscience grâce à des “compensations naturelles”, telles que des plantations d’arbres en monoculture. Comme pour le plan des 30×30, cela entraînera probablement des accaparements massifs de terres qui seront dévastateurs pour les peuples et la planète.

Fiore Longo, chargée de la campagne “Décoloniser la conservation de la nature” de Survival, a déclaré aujourd’hui : « Ce ne sont là que quelques-unes des terribles déclarations qui ont été faites à la COP cette semaine. Cela montre bien que l’avenir de la planète ne peut être laissé entre les mains des gouvernements, des organisations de conservation et des entreprises présentes à la COP15. La seule façon efficace de protéger la biodiversité est de reconnaître les droits territoriaux des peuples autochtones, tout en luttant contre les véritables causes de la perte de biodiversité — comme la surconsommation menée par les pays du Nord. »

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