Un code de bonne conduite à l'intention des réalisateurs

29 Septembre 2011

Les documentaristes ont la responsabilité de donner une image objective des peuples indigènes qu’ils filment. © Survival

Cette page a été créée en 2011 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Outrée par la récente diffusion sur les chaînes BBC et Travel Channel – et actuellement sur la chaîne française Planète – d’une série ‘tribale’ mensongère, Survival International a publié une charte de bonnes pratiques à l’intention des cinéastes et documentaristes filmant les peuples indigènes. Son objectif est de rompre avec les représentations infidèles, idéalisées ou négatives encore trop répandues des peuples indigènes.

La charte insiste sur la responsabilité morale des réalisateurs qui ont le devoir de privilégier l’authenticité et de renoncer à fabriquer une ‘belle histoire’, certes plus attractive, mais qui offre au spectateur une vision fausse et non représentative de la réalité des peuples indigènes. Elle souligne également le rôle crucial que peut jouer un film en tant que témoignage de leur situation sociale et culturelle.

Cette charte de bonnes pratiques a été conçue suite aux accusations portées par deux anthropologues, Glenn Shepard et Ron Snell, contre une série télévisée où les Matsiguenga d’Amazonie sont montrés comme de cruels sauvages. La série a été qualifiée de ‘mise en scène mensongère, fabriquée et caricaturée’ par les deux experts.

L’épisode ‘Mark et Olly chez les Matsiguenga’ a été diffusé par la chaîne américaine Travel Channel et par la BBC l’an dernier. Il est actuellement diffusé en France par Planète. Présenté par Mark Anstice and Olly Steeds, ce film prétend montrer la ‘réalité’ de la vie chez les Matsiguenga.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a qualifié cette émission ‘d’exemple déplorable de la manière dont les peuples indigènes sont régulièrement représentés à la télévision… ce film est un déferlement de stéréotypes. La télévision s’autorise des parodies qui n’auraient pas été déplacées sous l’ère victorienne’.

La ‘Charte de bonnes pratiques à l’intention des réalisateurs’ pose la question de la responsabilité morale requise pour produire un film qui risque d’être l’unique source d’informations sur le peuple indigène en question. Elle vise à alerter les réalisateurs des pièges qu’ils peuvent rencontrer sur leur tournage et des conséquences néfastes d’une production irresponsable; elle fournit également une série de principes fondamentaux à respecter lors d’un tournage chez les peuples indigènes.

Les paroles des Matsiguenga ont été constamment déformées dans la série ‘Mark and Olly’. © Cicada

L’acteur et animateur de télévision britannique Michael Palin qui a pleinement adhéré aux principes de cette charte, a déclaré : ‘Je suis entièrement d’accord avec la charte de bonnes pratiques de Survival. Les gens sont plus importants que les programmes’. L’écrivain et réalisateur renommé, Hugh Brody, a également apporté son soutien à cette charte.

Tous les animateurs de télévision exercent leur métier en respectant un code de conduite mis en vigueur par des organismes de contrôle indépendants, comme par exemple Ofcom au Royaume uni. Mais le problème soulevé par la série ‘Mark et Olly’ a montré à quel point un code éthique adapté aux problématiques des peuples indigènes était utile et nécessaire. Cette charte de bonnes pratiques tente de remplir ce vide.

Divisée en deux parties, elle traite du respect dont doivent faire preuve les cinéastes vis-à-vis des peuples indigènes, des mesures de sécurité qu’ils doivent prendre, et aborde les questions de l’intégrité, de la vérité et de l’exactitude. Elle souligne les dangers d’employer un langage teinté d’exotisme et de sensationnalisme destiné à séduire un public non averti au détriment d’une réalité souvent moins spectaculaire.

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