Une fillette indigène violée et tuée dans les Chittagong Hill Tracts

16 Mai 2012

Famille chakma des Chittagong Hill Tracts, Bangladesh © Mark McEvoy/Survival

Cette page a été créée en 2012 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Une fillette chakma de onze ans a été violée et tuée par un colon au Bangladesh.

Sujata Chakma a été attaquée le 9 mai dernier alors qu’elle gardait les vaches avec son jeune frère près de leur village.

Un suspect a été appréhendé, mais les tribus locales estiment qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne soit pas poursuivi.

Entre janvier et mai 2012, au moins six femmes et jeunes filles jumma ont été violées. Rina Dewan, de la Fédération des femmes des Chittagong Hill Tracts a déclaré : ‘Les colons continuent de commettre des viols en toute impunité; pas un seul violeur n’a été poursuivi en justice, c’est la raison pour laquelle ces crimes se perpétuent’.

Le gouvernement du Bangladesh a installé des centaines de milliers de colons dans les Chittagong Hill Tracts, une région qui abrite onze groupes indigènes connus sous le nom collectif de Jumma.

Les colons ont délogé de nombreux Jumma qui sont également victimes d’une violente répression de l’armée. Les femmes et les jeunes filles jumma sont particulièrement exposées aux abus sexuels.

Tandis que la violence continue, et devant les maigres efforts déployés par les autorités pour poursuivre les auteurs de ces crimes, de nouvelles tentatives ont été amorcées pour affaiblir les droits du peuple indigène jumma.

Une circulaire confidentielle émanant du parti politique du ministère de l’Intérieur a récemment été divulguée. Le document a été envoyé à des fonctionnaires gouvernementaux le 9 août dernier, la veille de de la Journée mondiale des peuples indigènes des Nations-Unies.

La circulaire invitait les fonctionnaires à ne pas contredire la politique officielle du gouvernement selon laquelle il n’y aurait pas de peuple indigène au Bangladesh et qu’il n’existerait que des ‘peuples tribaux’ et des ‘petits groupes ethniques’. Il y est également recommandé qu’aucun soutien gouvernemental ne doit être apporté lors de la Journée mondiale des peuples indigènes et que d’autres mesures doivent être prises pour promouvoir la théorie qu’il ‘n’existe pas de peuples indigènes au Bangladesh’.

Cette circulaire a été divulguée suite aux amendements apportés en juin dernier à la Constitution privant une cinquantaine de groupes ethniques du Bangladesh du qualificatif de ‘peuple indigène’ tel que défini par les Nations-Unies et privilégiant l’emploi des termes ‘tribus, groupes ethniques, sectes ethniques et communautés’. Le gouvernement du Bangladesh a annoncé qu’il supprimera toute référence à ‘indigène’ ou ‘Adivasi’ des documents officiels, des lois et des manuels scolaires.

L’offensive gouvernementale contre le terme ‘indigène’ et la célébration de la Journée des peuples indigènes est d’autant plus surprenante que, plusieurs années auparavant, le Premier ministre avait personnellement adressé des messages de soutien aux peuples indigènes du pays lors de la célébration de cette Journée. Le programme de son parti faisait également largement référence au terme ‘Adivasi’.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Au lieu de s’inquiéter du fait que des ministres emploient accidentellement le terme ‘indigène’, le gouvernement du Bangladesh devrait s’assurer que les femmes et les jeunes filles jumma ne soient pas constamment menacées de viol et de meurtre. Le taux de poursuites des responsables de ces violences est scandaleux – il est grand temps que le gouvernement fixe ses priorités et respecte les droits des Jumma’.

Note aux rédactions :
Le document original est disponible ici

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